Tuesday, February 10, 2009

Crise de Madagascar : des causes oubliées ?

Certains observateurs la décrivent comme un différend entre le jeune maire d’Antananarivo (Tananarive) Andry Rajoelina, (34 ans) et Marc Ravalomanana, Président de la République Malgache, élu en 2002, après 23 ans de règne sans partage du régime de Didier Ratsiraka (avec une interruption de quatre ans au milieu des années 90). Les faits dépassent largement cette vision réductrice. Le terreau de la crise est avant tout social.

Si les premières années du pouvoir de Ravalomanana ont permis au pays de se relever quelque peu de la crise de 2002 (construction des infrastructures routières, croissance de 7 %, inflation maîtrisée, tourisme exponentiel, protection de la biodiversité malgache améliorée), la suite (surtout à partir de 2006, date de sa réélection) est une longue liste de promesses non tenues, d’entraves aux libertés, d’un pouvoir autocratique et surtout d’un peuple malgache qui continue à sombrer dans la misère. Ce n’était manifestement pas le souci des principaux bailleurs de fonds internationaux. Le FMI comme la Banque Mondiale misent sur la bonne marche de leurs affaires, pour que le commerce et les investissements se déroulent dans un "climat et un environnement favorables". La nature du régime et les conditions de vie de la population n’ont pas d’importance.
Calcul risqué de la part des investisseurs, dans ce pays que les occidentaux considéraient comme « apaisé ». Trois éléments déclencheurs auront suffi pour mettre sous tension un peuple malgache à bout socialement (un litre d’essence supérieur à un euro, un sac de riz quasiment au prix du SMIC, soit près de 30 euros) : l’affaire Daewoo fin novembre 2008, l’achat par le Président de la République d’un Boeing 737 d’une valeur de 60 millions de $ et la fermeture de la télévision Viva du Maire de Tana. Rien d’étonnant alors de constater que les émeutiers s’en sont d’abord pris aux différents intérêts privés du Président en incendiant les supermarchés de sa chaîne, inaccessibles pour la quasi-totalité de la population malgache, et à la fois, symboles de lieux fréquentés par une toute petite minorité très privilégiée. Ils ont également attaqué les entrepôts dans les zones franches, symbole des investissements étrangers, où les ouvriers exploités 16 heures par jour touchent en moyenne 30 € par mois.

C’est dans ce climat très tendu de confrontation, que le jeune maire, Andry Rajoelina, a appelé la population à entamer une grève générale le 24 janvier. La suite, on la connaît, une centaine de morts et une issue aujourd’hui très incertaine. Se plaçant d’emblée dans la position de l’homme providentiel Andry Rajoelina réclame aujourd’hui un gouvernement de transition et exige d’être à sa tête. Sans programme, sans proposition, sans véritable parti politique, propose-t-il sincèrement une politique alternative à l’actuel président ? Difficile de se prononcer mais l’ambition personnelle du Maire de Tana rappelle étrangement le parcours de son adversaire Ravalomanana.

Au-delà de la dimension sociale de la crise, c’est à une nouvelle forme de colonialisme agraire auquel nous sommes peut-être en train d’assister. Non content de piller les ressources minières, les pays du nord se permettent désormais de louer des millions d’hectares de terres arables aux pays du sud pour satisfaire leur consommation, et ce, pour des bénéfices insignifiants pour les populations locales. C’est la fameuse affaire Daewoo. Le géant sud-coréen Daewoo Logistics a annoncé la signature d’un contrat de « location » de 1,300 millions d’hectares de terres arables pour 99 ans, en vue de la culture de maïs et de palmiers. Les détails du contrat sont très préoccupants :

La surface louée représente l’équivalent de la moitié des terres arables à Madagascar.

Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d’Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.

l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements (6 milliards de $ sur 25 ans) dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de « prix de location ».

Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP.
Comment accepter cette absurdité ? Madagascar, l’un des pays plus pauvres du globe n’a pas assez de ressources pour nourrir sa population, mais suffisamment pour envoyer de l’huile de palme qui sera convertie en biocarburant pour la Corée du Sud ? La recherche de terres cultivables par les grands groupes internationaux dans les pays pauvres du Sud est une tendance rencontrée dans le monde actuellement. Le FAO avait mis en garde les pays en quête de terres à cultiver à l’étranger contre un système assimilé à du " néocolonialisme ".

Cette nouvelle tendance n’est pas étrangère à la crise financière qui sévit sur la planète. La plupart des pays émergents et africains vivent dans la peur panique d’un retrait massif des capitaux étrangers. La crainte d’une baisse des investissements directs étrangers présentés par les organisations internationales comme la panacée aux problèmes lancinants du développement, pousse certains dirigeants africains à tout mettre en œuvre pour récupérer des devises, comme la cession massive de terres agricoles. Le processus largement entamé est appelé à s’accélérer. Des centaines de milliers d’hectares de terres arables sont ainsi menacés. Des centaines de milliers d’autres ont déjà été aliénés sous cette nouvelle forme de colonisation appelée « concession ».

Le drame que vit le peuple malgache est une nouvelle illustration d’une économie mondiale ultralibérale qui étrangle les peuples. Il se déroule dans un quasi silence de la communauté internationale. Entre crise alimentaire des peuples et voracité des spéculateurs et collusion du politique et du patronat, l’exemple malgache ne peut que faire réfléchir.

La couverture médiatique des émeutes qui secouent actuellement Madagascar, ne permettent pas toujours de bien comprendre les raisons de la crise. Depuis la fin du mois de janvier, un inquiétant regain de violence secoue Madagascar. La crise qui paralyse le pays n’est pas une surprise pour qui s’intéresse à ce pays.

Tuesday, February 03, 2009

Ajorontsika vahoaka izao dia izao ny Haute Cour de Justice

Haute Cour de Justice. Fitsarana Avo momba ny Fahamarinana. Tao anaty Lalampanorenan-dRatsiraka io tamin’ny 1975 fa sady tsy najorony no tsy nampihariny. Tao anaty Lalampanorenan’i Zafy Albert tamin’ny 1992 fa sady tsy najorony no tsy notanterahany. Mbola tao anaty Lalampanorenan-dRatsiraka Didier Amiraly ihany izy niverina teo amin’ny fitondrana tamin’ny 1996 fa mbola sady tsy najorony no tsy nampihariny.

Mazava loatra fa ao anatin’ny Lalampanorenan-dRavalomanana soamantsara tamin’ny 2002 ka hatramin’izao isika manoratra sy miteny izao. Fa sady tsy najorony no tsy nampihariny.

Ary azo antoka fa ho ao anatin’ny Lalampanorenan’I Andry TGV sy Rolland Ratsiraka ary Alain Ramaroson fa sady tsy hajoron-dry zareo mandrakizay no tsy ho tanterahan-dry zareo mandrakizay ihany koa.

Raha tetehana hitsarana olon-kafa dia mendimendy sy mihogahoga ary avo vava ery izy rehetra ireo. Fa raha vao hoe Fitsarana Avo momba ny Fahamarinana tsy maintsy hitsarana ny tenan-dry zalahy, dia tsy mahazo ajoro. Fady tena fady. Sanatria dia sanatria. Indrindra moa ry zalahy ka efa tonga eo amin’ny seza fiandrianana mitaingina fitondrana. Aoka aloha. Aoka etsy ! Aleo aloha izahay hiongana vao mety hieritreritra an’izany indray.

(...)

Rangory

Izay no rangory fototry ny afo eto Madagasikara. Izay tsy fisian’ny arofanina matanjaka sy tena mba atahoran’ny mpitondra izay indrindra no antony tokana mahatonga ny fitiavan-tena diso tafahoatran’ireo mpitondra mifandimby hasiaka ratsy sy mahery vaika tokoa mamotika ny fiainantsika vahoaka Malagasy. Ary dia izay no fototry ny korontana mateti-pitranga sy fandrebirebena miseho lany amintsika vahoaka hatrany amin’ny volana mey 1972 ka hatramin’izao taona 2009 manomboka miditra izao. Rebirebena amin’ny rotaka eny an-dalambe foana isika vahoaka hatramizao.

Inona no vandy be sy fampanantenana poakaty tsy mbola natao teto Madagasikara teto ? Politikan’ny kibo no hamokisako anareo hoy i Tsiranana tamin’ny Repoblika Voalohany. Ny deuxième classe no ho karakaraiko voalohany hoy ny Jeneraly Ramanantsoa tamin’ny 1972. Entiko any amin’ny Paradisa Sosialista ianareo hoy i Didier Ratsiraka tamin’ny 1975. Entinay miakatra any an-danitra ity Firenena ity, hoy i Zafy Albert sy Andriamanjato Richard ary ny FFKM sy ny Hery Velona Rasalama tamin’ny 1991-1992. Nivimbinako Fanantenana Vaovao avy any Paris ianareo hoy Ingahibe Amiraly Didier Ratsiraka niverina teo amin’ny fitondrana tamin’ny 1995-1996.

Dia adala nitotorebika foana ny vahoaka é ! Ataoko manankarena 4 L isan-tokantrano amin’ny alalan’ny Fahamarinana sy Fahamasinana ianareo hoy i Masindahy Marc Ravalomanana. Dia mbola nino fotsiny ihany sy nifaly havanja koa ny vahoaka malagasy mahantra é.

Ataoko sesika Fitiavana sy ataoko voky Demokrasia hatreny an-tenda kely ianareo hoy i Andry TGV sy Rolland Ratsiraka ary ry Alain Ramaroson sy ny Jeneraly Rasolosoa Dolin. Dia mbola mafana fo mitolona sy milatsaka ao ambovon’ny Frantsay indray koa ny vahoaka Malagasy mahonena.

(...)

Tsy misy hatak’andro

Misesisesy manao tohy vakana ireo mpitarika tolona mampanantena poakaty antsika vahoaka. Fa vao tonga eo amin’ny fitondrana ry zalahy, dia mameno paosy fotsiny no ataony. Halatra volam-bahoaka no hany fenitra politika tanterahany. Halatra ! Halatra ! Halatra ! Na mivantana io na an-kolaka. Na izy mivantana, na amin’ny alalan’ny havany sy ny namany.

Hany ka tsy misy sahy sy tsy misy mazoto manangana ilay Haute Cour de Justice izay natao hitsarana an-dry zareo sy ny asa ratsy ataon-dry zareo izy rehetra rehetra ireo.

Koa tapitra hatreo izany gaboraraka mambotry vahoaka izany manomboka izao. Andao ajorontsika vahoaka tsy misy hatak’andro ny Fitsarana Avo momba ny Fahamarinana vita rakitra sarobidy ao anaty Lalampanorenana.

(...)

Tsy iandrasana Fanjakana sy tsy itavandrana mpitaritolona izany. Fa ajorontsika vahoaka miaraka amin’ny Andrimasom-pokonolona izay mijoro araka ny lalàna velona eto amin’ny tany sy ny Firenena. Ajorontsika miaraka amin’ny Foloalindahy sy ireo mpitsara. Ka ry zareo mpitsara no mandrafitra ny ara-tekinika. Ny Foloalindahy no miantoka ny fandriampahalemana. Ary ny Andrimasom-pokonolona no miadidy ny hasin’ny fahefambahoaka. Tolona mavaivay be izany. Fa vita izany rehefa atao.

(...)

Izay meloka dia any am-ponja

Tsotra be sady tokana ny adidy aman’andraikitr’io Fitsarana Avo momba ny Fahamarinana voarakitra ao anaty Lalampanorenana hatramin’ny taona 1975 ka hatramin’izao io.

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Ireo mpitondra ambony ho tsaraina dia voafaritra mazava tsara. Filohan’ny Repoblika, Praiministra, ministra, CSR (Conseillers Suprêmes de la Révolution), Lehibena Andrimpanjakana toy ny Prezidan’ny Sénat, Prezidan’ny Antenimieram-pirenena miaraka amin’ny Depiote sy Loholona, ary Filohan’ny Fitsarana Avo momba ny Lalampanorenana sy ireo mpitsara avo namany, teo koa ny Filohan’ny CMD na Komity Miaramila momba ny Fampandrosoana, sns…, sns…

Tsy ho very anjara amin’izany koa ireo Governoran’ny Banky Foibe, ireo Sekretera Jeneralin’ny Ministera ary ny Talen’ny Kabinetra ary ireo Tale Jeneralin’ny Orinasam-panjakana. Ary farany dia eo ireo Lehiben’ny Etamazaoron’ny Tafika, Komandin’ny Zandarimarim-pirenena ary Tale Jeneralin’ny Polisim-pirenena.

Izay iharan’ny fitoriana mari-pototra arahan’ny porofo tsy azo lavina ihany no miakatra Fitsarana. Izay tsy meloka dia afaka madiodio. Izay meloka dia gadraina any am-ponja.

Tsy maintsy mbola hisy fanampim-panazavana misimisy mikasika ny fananganana an’ity Fitsarana Avo momba ny Fahamarinana ity. Miaraka amin’ireo FEPETRA FAMENO na mesures d’accompagnement vitsivitsy.

Mazava loatra fa tsy hahafaly velively ireo mpitondra ambony manana fitondran-tena mampiahiahy ity sosokevitra ity. Maro ry zareo no hitsivalana sy hiady mafy tsy hahatanteraka azy ity. Fa saingy sosokevitra mahasoa ny vahoaka sy ny Firenena izy ity. Satria sady mahatafavoaka antsika amin’ny krizy politika dridrangilo sy miverimberina no mahatafavoaka antsika amin’ny fahantrana. Ary tolona mari-pototra sy asa masina ka tsy maintsy tanterahana sy ajorontsika vahoaka.

Belanto (nofintinin’i madagascar-tribune.com)

Revue critique des modes d’accès au pouvoir à Madagascar

Une democratie incapable de s’installer de façon durable

Il est effarant de constater qu’après presque 50 ans de retour à l’Indépendance, l’alternance politique cherche encore, et une fois de plus, des voies non prévues par la Constitution en vigueur.

Le mode d’accès au pouvoir a rarement été par la voie des urnes, même si une fois arrivés au pouvoir, certains ont par la suite fait confirmer leur poste par une ou plusieurs élections : Ratsiraka (1975, 1982, 1989), Ravalomanana (2007). Le Général Gabriel Ramanantsoa (1972), Richard Ratsimandrava (1975) et Norbert Lala Ratsirahonana (1996) ont été désignés pour recevoir le pouvoir.

Le Général Gilles Andriamahazo (1975) et ses collègues du Directoire militaire l’ont pris sans demander l’avis de la population, à bon escient il est vrai vu le contexte. Didier Ratsiraka a été élu lors d’un suffrage interne au sein du Directoire militaire. L’élection de Zafy Albert (1993) fait suite à une crise politique, de même que la première élection de Marc Ravalomanana (2002).

Il apparaît donc qu’aucun Malgache n’est devenu chef d’Etat en se présentant à une élection dans des conditions plus ou moins normales, à l’exception peut-être de la première élection de Philibert Tsiranana (1959), mais elle ne s’est pas faite au suffrage universel, et dans le contexte particulier de la décolonisation.

On constate également que l’histoire de Madagascar à ce jour a permis de tester la plupart des modes existants de départ du pouvoir : un assassinat (Ratsimandrava), une démission (Ramanantsoa), un empêchement (Zafy), une transmission (Andriamahazo) et deux départs suite à une crise politique majeure : Tsiranana en 1972, et Ratsiraka à deux reprises, en 1991 et 2002.

Seul le départ de Norbert Lala Ratsirahonana, parti démocratiquement suite à une défaite à des élections qu’il avait pourtant organisées (1996), peut être considéré comme démocratique. Didier Ratsiraka (1993) et Zafy Albert (1997) furent vaincus en tentant de récupérer le poste qu’ils venaient de perdre.

La classe politique : incapacité à éduquer le peuple

De tout ce qui précède, même après 50 ans d’Indépendance, il apparaît que la classe politique malgache est incapable de deux choses.

D’une part, de se comporter de façon responsable, que les politiciens soient opposants ou au pouvoir. Ainsi, la pratique de la politique n’est pas faite de façon respectable, ni par les dirigeants, ni par les opposants.

D’autre part, d’inculquer à la population un minimum de principes en matière de comportement démocratique. Le peuple malgache est donc politiquement très mal élevé, car les politiciens en charge de leur éducation n’ont pas été à la hauteur du défi.

Les leaders de l’opposition n’ont aucun scrupule à provoquer des mouvements de rue pour renverser un régime, en usant d’arguments populistes et d’artifices sophistes : en 2002, on parlait de « défense du choix du peuple » ; en 2009 on utilise du « choix du peuple » à tout va, et le pire, sur la base de la foule d’une Avenue de l’Indépendance, certes bien remplie, mais qui ne fait pas une élection. Robert de Flers disait : « Démocratie est le nom que nous donnons au peuple chaque fois que nous avons besoin de lui ».

Souvent on est jugé à l’aune de ce que l’on fait. Celui qui s’approprie le pouvoir en tordant le cou à la Constitution risque de s’en voir déposséder un jour de la même manière. Marc Ravalomanana devrait le méditer. Mais il n’est pas le seul.

Ndimby A