ANTANANARIVO (Reuters) - Une fusillade a éclaté dans une base militaire de Madagascar et a fait un mort, après la proclamation par un général, interdit de candidature à la présidentielle, d'un nouveau gouvernement, lors d'une tentative de coup de force qui semble avoir été matée, ont rapporté les autorités de la Grand île.
A deux semaines de l'élection présidentielle, le général Andrianafidisoa a fait distribuer des tracts annonçant l'avènement d'un gouvernement de transition dirigé par un conseil militaire, a déclaré le ministère de la Défense à Antananarivo.
"L'armée assume le pouvoir afin que le pays ne glisse pas dans la guerre civile", lit-on dans le tract, selon une version fournie par le ministère et non corroborée par le général en question.
"Le président Marc Ravalomanana n'a aucun pouvoir", ajoute le tract.
Andrianafidisoa, fréquemment surnommé Fidy, a été interdit de candidature à l'élection du 3 décembre pour ne pas avoir versé un dépôt de 11.400 dollars, selon la version des autorités judiciaires malgaches.
Après la distribution de tracts, vendredi, le général s'est rendu à la base militaire d'Ivato, dans les faubourgs de la capitale, pour y demander le soutien d'une partie de l'armée. Aux premières heures de samedi, une autre section de l'armée l'a attaqué, lui et ses partisans.
UN VOL DE RAVALOMANANA
"Des éléments de plusieurs unités ont attaqué la base aéronavale où le général Fidy et ses hommes s'étaient installés", a déclaré Paul André, porte-parole du ministère de la Défense. "Un échange de tirs a eu lieu entre (les forces régulières) et les hommes du général Andrianafidisoa à la base aéronavale d'Ivato et un soldat a été tué", a-t-il ajouté.
Plusieurs heures après cette fusillade, Andrianafidisoa a dit à Reuters que les forces gouvernementales s'étaient repliées, et qu'il n'avait pas été arrêté.
"(Le chef d'état-major de l'armée malgache), le général Raonenantsoamampianina m'a appelé après les combats. Il était très arrogant. Il me demandait ce que je voulais", a-t-il dit dans cet interview.
"Je lui ai répondu que je défendais l'Etat de droit et les intérêts de l'armée".
Il a ajouté qu'il avait failli tuer Raonenantsoamampianina pendant les combats.
Le ministère de la Défense a dit ne pas être en mesure de confirmer cette information.
Raonenantsoamampianina a déclaré à Reuters samedi après-midi que la situation était revenue à la normale.
Les Malgaches craignent que le scrutin ne soit marqué par une répétition, en pire peut-être, de la situation de 2001 dont la contestation du résultat avait entraîné le pays dans huit mois de crise politique, qui avait littéralement paralysé l'île et l'activité de ses 19 millions d'habitants.
Conséquence de la situation troublée, les vols à destination de l'aéroport international d'Ivato, dont celui du président Marc Ravalomanana qui revenait d'une conférence de l'Union européenne à Bruxelles, ont été déroutés.
L'avion du chef de l'Etat s'est posé dans le nord de l'île, et Ravalomanana, qui brigue un nouveau mandat, a poursuivi sa campagne électorale, signe selon les autorités que la proclamation d'un nouveau gouvernement a bien été matée.