L'administration Bush a subi vendredi un revers sans précédent avec l'inculpation de Lewis Libby, directeur du cabinet du vice-président, accusé d'avoir menti et entravé une enquête sur une affaire de "fuite" visant apparemment à faire taire un critique de la guerre en Irak.
Le directeur de cabinet du vice-président Richard Cheney, Lewis Libby, surnommé "Scooter", est sous le coup de cinq chefs d'inculpation, pour parjures, faux témoignages et entrave à la justice. Il a démissionné aussitôt de ses fonctions, selon la Maison Blanche.
L'équipe présidentielle a évité jusqu'à présent une inculpation contre le conseiller politique présidentiel Karl Rove, cité dans l'affaire. Mais elle doit aussi se préparer à un scandale lancinant, le procureur indépendant chargé de l'enquête devant poursuivre son enquête, selon l'avocat de M. Rove.
"M. Rove va continuer à coopérer pleinement avec les efforts du procureur indépendant pour terminer l'enquête", a promis l'avocat Robert Luskin, laissant entendre que tout risque d'inculpation ultérieure n'était pas écarté.
Le procureur indépendant, Patrick Fitzgerald, cherche depuis décembre 2003 à savoir qui a divulgué à la presse l'identité de l'agent de la CIA Valerie Plame, dont le mari Joseph Wilson, un ancien ambassadeur, s'était publiquement interrogé sur de "faux prétextes" invoqués par l'administration Bush pour envahir l'Irak en 2003.
Des journalistes ont indiqué s'être entretenus avec M. Rove et avec M. Libby du couple Plame/Wilson.
Richard Cheney lui-même pourrait être menacé par l'enquête. Selon le New York Times, c'est de lui que Lewis Libby avait appris l'identité de Valerie Plame.
Il est illégal aux Etats-Unis de trahir en connaissance de cause l'identité d'un agent secret.
Cette affaire a conduit l'opposition à remettre en cause le bien-fondé de la guerre en Irak, de plus en plus impopulaire, et vendredi le parti démocrate a exigé que le président républicain George W. Bush s'exprime publiquement sur ce scandale.
"Le peuple américain mérite que le président Bush réponde directement sur le rôle que ses conseillers ont joué dans la manipulation du renseignement opérée afin de s'assurer un soutien pour la guerre en Irak, dans l'orchestration d'efforts pour calomnier les opposants à cette guerre, et pour étouffer l'affaire", a déclaré la directrice de communication du parti démocrate, Karen Finney.
Vendredi matin, l'équipe présidentielle s'était efforcée de faire bonne figure. Le président Bush a ainsi montré peu de signes d'inquiétude alors qu'il quittait la résidence pour la Virginie où il a prononcé un discours sur la guerre au terrorisme, le sujet qui a fait sa bonne fortune électorale depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Joseph Wilson affirme que la Maison Blanche a voulu le discréditer en laissant entendre qu'il n'avait dû qu'à sa femme, Valerie Plame, spécialiste des armes de destruction massive à la CIA, l'obtention en 2002 d'une mission d'enquête au Niger sur l'existence d'un éventuel trafic nucléaire avec l'Irak.
M. Wilson avait conclu qu'un tel trafic n'existait pas, et il estime que la Maison Blanche a délibérément exagéré la menace de l'arsenal de Saddam Hussein.
Au cours de son enquête, Patrick Fitzgerald a interrogé de nombreux collaborateurs de l'administration, ainsi que des journalistes qu'il a contraints de livrer leurs sources - jusqu'à envoyer en prison la journaliste du New York Times Judith Miller, qui est restée détenue 85 jours avant de témoigner sur ses conversations avec M. Libby.
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