Une democratie incapable de s’installer de façon durable
Il est effarant de constater qu’après presque 50 ans de retour à l’Indépendance, l’alternance politique cherche encore, et une fois de plus, des voies non prévues par la Constitution en vigueur.
Le mode d’accès au pouvoir a rarement été par la voie des urnes, même si une fois arrivés au pouvoir, certains ont par la suite fait confirmer leur poste par une ou plusieurs élections : Ratsiraka (1975, 1982, 1989), Ravalomanana (2007). Le Général Gabriel Ramanantsoa (1972), Richard Ratsimandrava (1975) et Norbert Lala Ratsirahonana (1996) ont été désignés pour recevoir le pouvoir.
Le Général Gilles Andriamahazo (1975) et ses collègues du Directoire militaire l’ont pris sans demander l’avis de la population, à bon escient il est vrai vu le contexte. Didier Ratsiraka a été élu lors d’un suffrage interne au sein du Directoire militaire. L’élection de Zafy Albert (1993) fait suite à une crise politique, de même que la première élection de Marc Ravalomanana (2002).
Il apparaît donc qu’aucun Malgache n’est devenu chef d’Etat en se présentant à une élection dans des conditions plus ou moins normales, à l’exception peut-être de la première élection de Philibert Tsiranana (1959), mais elle ne s’est pas faite au suffrage universel, et dans le contexte particulier de la décolonisation.
On constate également que l’histoire de Madagascar à ce jour a permis de tester la plupart des modes existants de départ du pouvoir : un assassinat (Ratsimandrava), une démission (Ramanantsoa), un empêchement (Zafy), une transmission (Andriamahazo) et deux départs suite à une crise politique majeure : Tsiranana en 1972, et Ratsiraka à deux reprises, en 1991 et 2002.
Seul le départ de Norbert Lala Ratsirahonana, parti démocratiquement suite à une défaite à des élections qu’il avait pourtant organisées (1996), peut être considéré comme démocratique. Didier Ratsiraka (1993) et Zafy Albert (1997) furent vaincus en tentant de récupérer le poste qu’ils venaient de perdre.
La classe politique : incapacité à éduquer le peuple
De tout ce qui précède, même après 50 ans d’Indépendance, il apparaît que la classe politique malgache est incapable de deux choses.
D’une part, de se comporter de façon responsable, que les politiciens soient opposants ou au pouvoir. Ainsi, la pratique de la politique n’est pas faite de façon respectable, ni par les dirigeants, ni par les opposants.
D’autre part, d’inculquer à la population un minimum de principes en matière de comportement démocratique. Le peuple malgache est donc politiquement très mal élevé, car les politiciens en charge de leur éducation n’ont pas été à la hauteur du défi.
Les leaders de l’opposition n’ont aucun scrupule à provoquer des mouvements de rue pour renverser un régime, en usant d’arguments populistes et d’artifices sophistes : en 2002, on parlait de « défense du choix du peuple » ; en 2009 on utilise du « choix du peuple » à tout va, et le pire, sur la base de la foule d’une Avenue de l’Indépendance, certes bien remplie, mais qui ne fait pas une élection. Robert de Flers disait : « Démocratie est le nom que nous donnons au peuple chaque fois que nous avons besoin de lui ».
Souvent on est jugé à l’aune de ce que l’on fait. Celui qui s’approprie le pouvoir en tordant le cou à la Constitution risque de s’en voir déposséder un jour de la même manière. Marc Ravalomanana devrait le méditer. Mais il n’est pas le seul.
Ndimby A
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