Pistes de solutions immédiates
Le collectif des citoyens et des organisations citoyennes a présenté hier, à la Résidence d’Ankerana, la première mouture de son plan minimal de sortie de crise. Composé des représentants de toutes les composantes de la société et des sympathisants des deux camps en présence, le collectif réunit notamment en son sein des syndicalistes, des opérateurs économiques, des religieux et de simples citoyens. Il entend se positionner sur l’échiquier des négociations en cours comme une force de propositions et de pression pour faire émerger une solution qui soit la plus consensuelle possible.
Schéma de sortie de crise
Le schéma de sortie de crise élaboré par le collectif des citoyens et des organisations citoyennes tient compte des principales exigences exprimées par chaque protagoniste et s’articule autour des points suivants : rétablissement et consolidation durable de la paix sociale, reprise des activités quotidiennes dans le respect du droit, relance de la machine économique et de la machine administrative, application des règles d’une bonne gouvernance, appui à la population, en particulier aux catégories vulnérables. Mais il tient également et surtout compte des aspirations de la population dans le cadre de l'intérêt général, à savoir l'amélioration tangible de la vie de la population, la justice sociale et l'équité territoriale, l'absence de discrimination ethnique et de genre, la bonne gouvernance, le respects des libertés fondamentales, la stabilité politique à long terme, une meilleure répartition des richesses et le règlement des problèmes récurrents, tels le foncier par exemple.
Sur la base d'une solution négociée et non par la force, le collectif des citoyens et des organisations citoyennes a élaboré des pistes de solutions immédiates de sortie de crise allant de la mise en place d’un gouvernement crédible, de la création d’une instance neutre indépendante intégrant les représentants de chaque pilier d’intégrité (société civile, secteur privé, syndicat, partis politiques, medias, autorité judiciaire et législative…) pour faire le suivi et le contrôle des tâches de l’Exécutif, du renforcement de l’unité des forces de l’ordre et la redynamisation du Conseil supérieur de la fonction militaire pour la levée des pressions politiques sur les forces armées, à l'officialisation des états généraux de la démocratie. Par ailleurs, le collectif préconise des mesures sociales de soutien aux catégories vulnérables et des mesures incitatives pour la relance des activités des opérateurs économiques.
Selon le général à la retraite Guy Ratrimoarivony qui est le porte-parole du collectif, ce plan de sortie de crise a été soumis aux deux camps ainsi qu’à Menkeiros, médiateur dépêché par le secrétaire général des Nations unies. Les deux protagonistes de la crise auraient accepté dans le principe la possibilité de se référer au document que le collectif leur a présenté comme base de discussion.
Afin d’adapter les propositions contenues dans son plan minimal de sortie de crise aux nouvelles donnes intervenues sur le terrain, les membres du collectif ont poursuivi hier, son travail de concertation pour actualiser celui-ci avant de le remettre de nouveau aux parties en présence et au FFKM.
Le collectif des citoyens et des organisations citoyennes prévoit également la diffusion auprès du grand public du résultat de leurs travaux afin d’impliquer l’ensemble de toutes les collectivités dans l’effort de paix exigé par la situation. Néanmoins, certains membres du collectif ont exprimé leur crainte concernant la disponibilité des deux parties à reprendre une négociation constructive après les événements de cette semaine.
Mialivololona
Aujourd'hui, les Réseaux d'Information répond aux besoins d'informations précises sur les événements survenant sur le terrain.
Sunday, March 08, 2009
Madagascar : des paysannes et des paysans libérés des coutumes
Les paysannes malgaches ont longtemps souffert des contraintes des coutumes qui favorisaient les hommes. Mais depuis une dizaine d’années, elles s'affirment dans la société rurale, avec l’appui d'organismes de développement, mais aussi des hommes, soulagés d'être secondés dans leurs tâches.
C'est l’assemblée générale mensuelle des villageois de la commune de Bemanonga, au sud-ouest de Madagascar : soudain, une femme se hisse sur le podium, le bras levé, et clame d'une voix forte : "Femmes et mères de famille, mobilisons-nous ! Fini le fanaka malemy (objet fragile, en malgache, c'est-à-dire, sexe faible)". Autrefois, un tel propos, tenu en public par une femme, aurait fait scandale. Mais, depuis une dizaine d'années, cet élan féminin se manifeste dans bien des communautés rurales malgaches, "Les paysannes ont toujours souhaité sortir de cet état de soumission, mais elles ont seulement attendu le moment opportun", estime Fanja Rasoarimalala, présidente d’une ONG féminine.
Cette émancipation, appuyée par des campagnes de sensibilisation et d’alphabétisation, résulte d’une nécessité socio-économique. "Survie oblige ! Les foyers ont mis de côté les obligations traditionnelles. Les femmes sont une ressource capitale pour les revenus familiaux", explique Mavo Rakotomanga, experte en analyse sociale. Les maris, eux-mêmes, acceptent voire encouragent cette évolution. "Depuis que j’ai laissé ma femme m’aider dans mon travail, notre revenu mensuel a doublé", se félicite Ranaivosoa, un cultivateur du district de Betafo, situé au centre du pays. Dans diverses communes rurales, les femmes sont même invitées à s’impliquer davantage dans la direction de la communauté. A en croire, Ranaivosoa, "elles prennent à cœur leur engagement et leur travail est plus soigné que celui des hommes". Résultat : la production agricole augmente et les zones rurales s'animent "depuis que les hommes et les femmes se donnent la main dans diverses activités", à en croire Lucien Rakotondranaivo, le président d’un des Fokontany (cellule de base) de Betafo.
"Objet fragile au service des hommes"
La tradition assimilait la femme à "un objet fragile au service des hommes", rappelle Fanja Rasoarimanana. Une épouse devait obéissance et soumission à son mari et être à son service à tout moment." Pour Nenibe Véronique, une octogénaire, "des femmes s’exprimant en public, prenant le repas avant le mari ou travaillant, cela aurait été à la fois honteux et irrespectueux à l’égard des hommes et des ancêtres."
"La femme 'objet fragile' c'est de l’histoire ancienne, juge Gisèle Rabesahala, femme politique et secrétaire nationale du parti politique AKFM. Elles sont nombreuses aujourd'hui à travailler pour subvenir aux besoins familiaux." Bon nombre de paysannes s’expriment ouvertement, face à leurs maris comme en public, et la plupart s'engagent dans leurs communautés: "Je me sens revivre. Je n’ai plus peur de m’exprimer, car je sais que j’ai aussi ma part de responsabilité dans le développement de la société", lance Ravelomanana, une paysanne d’Alasora, une commune proche de la capitale.
Selon Julie Rakotozafy, spécialiste en organisations paysannes au sein du Programme national de soutien au développement rural (PSDR), "60 % des femmes rurales sont sorties de l’emprise des us et coutumes pour enfin mettre leur savoir au service du monde rural, contre 5 % en 1979". Voir des femmes leaders d’association, présidentes de village ou chefs de foyer est devenu fréquent en brousse. Elles effectuent aussi des travaux longtemps considérés comme masculins : labour, conduite de charrettes, maçonnerie, construction… Tout cela en plus de l'entretien de leur foyer, qui continue de leur incomber complètement : "Je me lève très tôt chaque matin pour m’occuper du repas et de la maison, car le reste de ma journée sera consacrée à l’atelier de couture", raconte Vero Ratsimba, une paysanne de Betafo.
Depuis 8 ans, les rurales sont appuyées par le gouvernement ainsi que divers organismes de développement (PSDR, coopérations bilatérales, ONG…). Les hommes, qui apprécient leur aide aux champs, leur apprennent parfois des techniques agricoles. Les villageoises actives ont aussi été dotées de petit matériel : machines à coudre, outils de jardinage, etc. Des formations, notamment en couture, maroquinerie, élevage et agriculture, leur ont été également dispensées en plus de cours d'alphabétisation.
Mavo Rakotomanga précise que cette montée en puissance des femmes ne résulte pas simplement d'une revendication féministe ni d'une lutte pour l’égalité des sexes. Divers droits restent encore à conquérir par les femmes, car, dans certaines régions, elles n’ont droit ni à l’héritage ni à la garde des enfants en cas de divorce…
Madagascar
Fabien R. Randriamihaja
(Syfia Madagascar)
C'est l’assemblée générale mensuelle des villageois de la commune de Bemanonga, au sud-ouest de Madagascar : soudain, une femme se hisse sur le podium, le bras levé, et clame d'une voix forte : "Femmes et mères de famille, mobilisons-nous ! Fini le fanaka malemy (objet fragile, en malgache, c'est-à-dire, sexe faible)". Autrefois, un tel propos, tenu en public par une femme, aurait fait scandale. Mais, depuis une dizaine d'années, cet élan féminin se manifeste dans bien des communautés rurales malgaches, "Les paysannes ont toujours souhaité sortir de cet état de soumission, mais elles ont seulement attendu le moment opportun", estime Fanja Rasoarimalala, présidente d’une ONG féminine.
Cette émancipation, appuyée par des campagnes de sensibilisation et d’alphabétisation, résulte d’une nécessité socio-économique. "Survie oblige ! Les foyers ont mis de côté les obligations traditionnelles. Les femmes sont une ressource capitale pour les revenus familiaux", explique Mavo Rakotomanga, experte en analyse sociale. Les maris, eux-mêmes, acceptent voire encouragent cette évolution. "Depuis que j’ai laissé ma femme m’aider dans mon travail, notre revenu mensuel a doublé", se félicite Ranaivosoa, un cultivateur du district de Betafo, situé au centre du pays. Dans diverses communes rurales, les femmes sont même invitées à s’impliquer davantage dans la direction de la communauté. A en croire, Ranaivosoa, "elles prennent à cœur leur engagement et leur travail est plus soigné que celui des hommes". Résultat : la production agricole augmente et les zones rurales s'animent "depuis que les hommes et les femmes se donnent la main dans diverses activités", à en croire Lucien Rakotondranaivo, le président d’un des Fokontany (cellule de base) de Betafo.
"Objet fragile au service des hommes"
La tradition assimilait la femme à "un objet fragile au service des hommes", rappelle Fanja Rasoarimanana. Une épouse devait obéissance et soumission à son mari et être à son service à tout moment." Pour Nenibe Véronique, une octogénaire, "des femmes s’exprimant en public, prenant le repas avant le mari ou travaillant, cela aurait été à la fois honteux et irrespectueux à l’égard des hommes et des ancêtres."
"La femme 'objet fragile' c'est de l’histoire ancienne, juge Gisèle Rabesahala, femme politique et secrétaire nationale du parti politique AKFM. Elles sont nombreuses aujourd'hui à travailler pour subvenir aux besoins familiaux." Bon nombre de paysannes s’expriment ouvertement, face à leurs maris comme en public, et la plupart s'engagent dans leurs communautés: "Je me sens revivre. Je n’ai plus peur de m’exprimer, car je sais que j’ai aussi ma part de responsabilité dans le développement de la société", lance Ravelomanana, une paysanne d’Alasora, une commune proche de la capitale.
Selon Julie Rakotozafy, spécialiste en organisations paysannes au sein du Programme national de soutien au développement rural (PSDR), "60 % des femmes rurales sont sorties de l’emprise des us et coutumes pour enfin mettre leur savoir au service du monde rural, contre 5 % en 1979". Voir des femmes leaders d’association, présidentes de village ou chefs de foyer est devenu fréquent en brousse. Elles effectuent aussi des travaux longtemps considérés comme masculins : labour, conduite de charrettes, maçonnerie, construction… Tout cela en plus de l'entretien de leur foyer, qui continue de leur incomber complètement : "Je me lève très tôt chaque matin pour m’occuper du repas et de la maison, car le reste de ma journée sera consacrée à l’atelier de couture", raconte Vero Ratsimba, une paysanne de Betafo.
Depuis 8 ans, les rurales sont appuyées par le gouvernement ainsi que divers organismes de développement (PSDR, coopérations bilatérales, ONG…). Les hommes, qui apprécient leur aide aux champs, leur apprennent parfois des techniques agricoles. Les villageoises actives ont aussi été dotées de petit matériel : machines à coudre, outils de jardinage, etc. Des formations, notamment en couture, maroquinerie, élevage et agriculture, leur ont été également dispensées en plus de cours d'alphabétisation.
Mavo Rakotomanga précise que cette montée en puissance des femmes ne résulte pas simplement d'une revendication féministe ni d'une lutte pour l’égalité des sexes. Divers droits restent encore à conquérir par les femmes, car, dans certaines régions, elles n’ont droit ni à l’héritage ni à la garde des enfants en cas de divorce…
Madagascar
Fabien R. Randriamihaja
(Syfia Madagascar)
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