Il n’y aura pas de second tour. Le président sortant obtient 55% des voix selon des résultats portant sur la presque totalité des bureaux de vote.
Le dépouillement du scrutin présidentiel s’est déroulé plus vite que prévu puisque les résultats sont connus dans 96% des bureaux de vote. Le président sortant Marc Ravalomamana sera réélu, c’est quasiment une certitude. Il obtient 55% des voix, ce qui écarte la possibilité d’un second tour. Les adversaires du président sortant sont loin derrière lui.
De notre correspondante à Madagascar
«1er tour de vita !» («1er tour et c’est fait !»). C’était l’un des grands slogans de Marc Ravalomamana, repris en chœur par ses milliers de partisans lors des meetings durant la campagne électorale. Avec sa détermination habituelle, dénuée de complexes, le chef de l’Etat a dit et redit pendant des mois qu’il comptait bien être élu au premier tour, faisant fi des commentaires des leaders d’opposition selon lesquels un score supérieur à 50%, le 3 décembre, serait forcément suspect.
Une semaine après le scrutin Marc Ravalomanana a donc réussi son pari. Selon des résultats encore provisoires, qui portent sur 96% des bureaux de vote, le président sortant obtient 55,1% des voix, avec une avance de 45 points sur ses concurrents. Mais surtout, mathématiquement, la victoire, dès le premier tour, ne peut plus échapper au chef de l’Etat, quels que soient les résultats des derniers bureaux de vote encore attendus. En effet, avec un peu plus de 7 millions d’inscrits et une participation de 60%, il fallait 2 100 000 voix pour passer dès le premier tour. Or Marc Ravalomanana a déjà engrangé 2 392 967 voix.
C’est certainement grâce aux Tananariviens que Marc Ravalomanana remportera la victoire au premier tour.
«Je remercie Antananarivo pour tout ce qu’elle a fait. Nous allons faire beaucoup de choses pour la capitale», a déclaré, cette semaine, l’ancien maire de Tana, rendant visite à son QG de campagne installé au premier étage de son supermarché. Marc Ravalomanana a en effet des raisons d’être reconnaissant envers les Tananariviens. C’est grâce à eux qu’il remporte la victoire dès le premier tour, puisque la capitale a très massivement voté pour son ancien maire. Marc Ravalomanana recueille ainsi 70% des voix dans l’ensemble des bureaux de vote d’Antananarivo, avec dans certains quartiers des pointes à plus de 80%.
Lahiniriko et Ratsiraka, les surprises La deuxième place est très disputée. On y attendait Norbert Ratsirahonana, l’ancien président de la République, ou Herizo Razafimahaleo, l’homme d’affaires. Mais pour l’instant, la deuxième place est occupée par Jean Lahiniriko, avec 11,44% des voix. L’ancien président de l’Assemblée nationale franchit la barre fatidique des 10% qui lui permettra d’être remboursé de sa caution de 10 000 euros. Il a surtout fait de gros scores dans sa région natale, Tuléar, où il a battu le président de la République dans plusieurs districts.
Jean Lahiniriko est talonné par Roland Ratsiraka. Le maire de Tamatave recueille 10,1% des suffrages selon les résultats provisoires. Lui aussi fait de bons résultats chez lui. Mais – plus surprenant – il devance Marc Ravalomanana ou fait jeu égal avec lui dans plusieurs régions loin de son fief de Tamatave.
Derrière, on trouve Herizo Razafimahaleo, avec 8,92% des voix, puis Norbert Ratsirahonana avec 4,27% qui enregistre donc un échec cuisant, bien qu’il ait fait campagne dans tout le pays en déployant de gros moyens. Elia Ravelomanantsoa, la première femme candidate à la présidence dans l’histoire malgache, recueille, elle, 2,56% des voix.
C’est sans doute à cause de l’absence de débat de fonds pendant cette campagne que les Malgaches se sont naturellement tournés vers le sortant. En effet, les candidats d’opposition se sont illustrés, pour la plupart, par une campagne confuse, sans projet ou programme pour le pays. Beaucoup n’ont organisé aucun meeting mais se sont bornés à faire des déclarations critiquant l’organisation du scrutin, voire même réclamant le report du premier tour.
Du coup, l’élection s’est transformée en référendum pour ou contre le président. Et Marc Ravalomamana l’avait bien senti, puisqu’il est très peu entré dans le débat avec ses challengers, il a ignoré pendant toute la campagne les récriminations des partis d’opposition et s’est contenté de marteler son «1er tour de vita !».
Les procès-verbaux des 17 500 bureaux de vote sont maintenant entre les mains des sages de la Haute Cour Constitutionnelle. La HCC doit valider les résultats annoncés par le ministère de l’Intérieur après examen des PV, mais aussi après examen des requêtes. «Si nous constatons des fraudes, nous porterons plainte», avait prévenu, bien avant l’élection, Herizo Razafimahaleo, comme la plupart des candidats d’opposition. Ce sont essentiellement les listes électorales, qui ont été informatisées en un temps record, qui focalisent le plus de critiques,
car les erreurs d’inscription ont privé de nombreux Malgaches de la possibilité de voter. Toutefois les observateurs nationaux et internationaux ont unanimement souligné que ces défaillances dans la constitution des listes électorales ne sont pas de nature à remettre en question le résultat final.
par Stéphanie Pailler ( Article RFI)
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