Mercredi, le volume des devises échangées sur le marché avait atteint 19,3 millions d’euros et 2,3 millions de dollars. Rappelons que depuis l’installation du MID en continu, en juillet 2004 (c’est-à-dire un marché électronique et non plus un marché à la criée comme pour les enchères sur n’importe quel produit), les opérateurs pouvaient échanger aussi bien le dollar que l’euro. En 1994,avec la mise en flottement du franc malgache à travers la création du MID, le franc français était la devise pivot, autrement la devise de référence par rapport à laquelle la parité de la monnaie malgache était fixée suivant les achats et les ventes de devises sur le marché. En 2001, avec l’introduction de la monnaie européenne, la devise pivot était devenue l’euro. Et depuis juillet 2004, avec l’installation du marché électronique, Madagascar a adopté une double cotation par rapport à l’euro et au dollar.
Mercredi dernier donc, le total des achats et ventes de devises sur le MID a atteint globalement 25,34 millions de dollars. Jamais, au grand jamais, on n’avait pourtant enregistré pareil volume depuis la création du MID, il y a 11 ans de cela. Les tentatives d’explications recueillies ici et là, hier, soulignent que ces opérations d’achats et de ventes font suite à l’achat massif de devises par les compagnies pétrolières dans le cadre des opérations normales d’importation de carburants pour le pays.
En fin d’après-midi pourtant, le MID affiche de nouveaux records : le volume des transactions a atteint (tenez-vous bien !) 22,4 millions en euros et 33,01 millions en dollars. Afin de faciliter la compréhension, le montant des devises échangées sur le MID a donc atteint, hier, 622 milliards de francs malgaches. Et si l’on ajoute celui de mercredi, le total s’élève à 863 milliards en deux jours. Ces chiffres sont tels que le volume quotidien des échanges s’approche à celui relevé mensuellement. Durant tout le mois de mai, par exemple les transactions se chiffraient à 39 millions d’euros et 57 millions de dollars. Autrement dit, les transactions en devises sur le MID durant ces deux derniers jours représentent 80 % de celles réalisées durant tout le mois de mai qui est pourtant supposé être le top de l’année.
Dans la vie quotidienne, ces chiffres ne représentent rien pour la population. Du moins pour le moment, car les conséquences peuvent être très graves à court terme, sans des explications et des mesures nécessaires et convaincantes de la part des autorités concernées. Ce dont on doute malheureusement.
On remarque, en effet, que la multiplication du volume des transactions coïncide avec une baisse du taux de change. Mercredi à l’occasion des échanges de 19 millions d’euros, la devise européenne était à moins de 12 500 Fmg contre 12 800 Fmg la veille. Hier pour les 33 millions de dollars, le billet vert est subitement descendu à 10 350 Fmg contre 10 850 la veille. La loi de l’offre et de la demande étant, la hausse de la parité de la monnaie malgache ne peut pourtant s’expliquer que par un afflux de devises en provenance de l’étranger et/ou par une augmentation des exportations du pays. Ce qui est tout le contraire de la réalité.
D’un côté, les décaissements de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de l’Union européenne et d’autres bailleurs de fonds multi et bilatéraux se font au compte-goutte, suivant l’avancement des projets financés. Même les 115 millions de dollars gracieusement octroyés par les Etats-Unis au titre du MCA ne sont débloqués que par tranches en dépit du soutien de Bush à Ravalomanana. Par ailleurs, la thèse d’un accroissement d’un afflux des devises grâce aux investissements étrangers ne peut tenir debout car chacun sait pertinemment que pour 100 dollars investis chez nous, la majeure partie sinon la quasi-totalité est déjà dépensée à l’étranger (donc en devises) en machines et outils (et à la limite en études).
De l’autre, les exportations du pays sont dans une position inconfortable avec la dégringolade des prix de la vanille sur le marché internationale et les effets négatifs sur notre zone franche du démantèlement de l’accord multifibres (contrairement aux perceptions des autorités malgaches traduites dans la loi de Finances et confortées par le président lui-même).
Bref, le mystère reste entier sur ce nouveau « miracle ». Car à l’allure où vont les choses, il faut s’attendre à une nouvelle et grave dépréciation du franc malgache. Ou de l’ariary, si on le veut.
Ni plus ni moins, la conclusion des remarques émises ci-haut serait, en effet, que le pays est en train de faire d’importants payements à l’étranger. S’agit-il de la facture de riz gouvernemental qui d’après les chiffres officiels de 100 000 tonnes à 270 dollars se chiffrent à 27 millions de dollars (on n’inclut pas encore les riz pakistanais « saisis » dans le cadre de la même opération) ? Le paiement de l’importation des vaches laitières y serait-il pour quelquze chose ? Idem pour la location des hélicoptères de Saphir Executive Air.
Au-delà de ces questions qui sont fondamentales pour la gestion publique, le problème se situe au niveau de la transparence du marché. Comment démentir que délits d’initiés et favoritisme n’existent plus dans le pays quand curieusement certaines importations jouissent de taux cléments ?
La Gazette de la Grande Ile
Nouveau record historique sur le MID (marché interbancaire de devises). Cette fois-ci, ce n’est pas le franc malgache qui a atteint des taux bas jamais imaginés (comme l’année dernière où la descente aux enfers avait franchi le cap des 16 000 Fmg pour un euro) qui focalise l’attention, c’est plutôt au niveau du volume des transactions, c’est-à-dire le total des achats et ventes réalisés quotidiennement sur le marché.
1 comment:
Oui, probablement il est donc
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