Si les élites formant la strate dirigeante du M.D.R.M. espèrent jouer un rôle dans la direction de Madagascar et de l’Union Française en général ; au niveau de la base du parti, la notion d’indépendance est sensiblement différente.
Les Malgaches ont beaucoup souffert de l’oppression coloniale. Ils ont dû faire face aux privations et aux souffrances consécutives à la guerre et à l’effort de guerre. D’où le renforcement du sentiment d’hostilité envers les autorités françaises.
La situation est surtout insoutenable dans les régions rurales dans lesquelles les chefs de district et des chefs de canton règnent comme des roitelets et abusent de leur pouvoir. Cela explique le penchant de la majorité des Malgaches pour la revendication de l’indépendance que la propagande du M.D.R.M. présente comme la solution ultime aux abus de la colonisation.
Mécontentement de la base
Si les dirigeants du parti pensaient qu’un changement de la structure du pouvoir colonial peut changer la situation à Madagascar dans tous les domaines (politique, social…), la majorité des Malgaches ne sont pas de même avis.
Ils se soucient plutôt de leur quotidien marqué par la souffrance et l’oppression. La population veut en finir, et le plus vite sera le mieux. Pour cela, elle trouve la politique des sociétés secrètes, très active surtout au niveau des simples gens et dans les zones rurales, plus attirante et plus conforme à son empressement.
Ainsi, la prise de position du parti en faveur de l’Union Française a beaucoup mécontenté une frange importante des militants MDRM, en particulier ceux qui se situent au niveau de ses cadres intermédiaires (membres des bureaux administratifs des sections) ainsi que ses militants de base.
En effet, plusieurs dirigeants des sections locales du M.D.R.M. se désolidarisent de leurs supérieurs hiérarchiques concernant la ligne politique à suivre. Ils procèdent souvent à des actions en ignorant les directives du bureau politique et n’hésitent pas à développer des idées farouchement anti-françaises.
Incidents pré insurrectionnels
Pour eux, l’indépendance ne peut être que totale et immédiate avec une rupture avec la France. Sur le terrain, et en dépit des appels au calme des instances dirigeants du parti, les simples membres n’hésitent pas à résister avec violence aux abus de l’administration coloniale ou ceux des colons.
A ce niveau, les partisans d’une indépendance immédiate qu’on doit ravir, même en utilisant la violence – comme les sociétés secrètes – trouvent les plus convaincus. Cela explique, dans une large mesure, les différents événements telle que l’affaire de Sabotsy Namehana, d’Androrangavola, d’Anosibe, d’Ifanadiana…
Tous ces incidents confirment l’existence d’un mouvement pré-insurrectionnel dont le soubresaut généralisé de mars 1947-1948 n’est que la suite logique. Ainsi, au moment de l’éclatement de l’insurrection de mars 1947, la responsabilité des sections du M.D.R.M. dans la zone insurgée ainsi qu’une bonne partie de sa base paraît flagrante.
Alexandre L.
No comments:
Post a Comment