Avant de détailler les péripéties de la lutte, il sera intéressant de parler d’abord de la fin du MDRM.
L’insurrection est lourde de conséquence pour le mouvement nationaliste malgache, en particulier pour le M.D.R.M.. En fait, peu de temps après l’éclatement des hostilités, les autorités françaises accusent le parti d’être l’investigateur de ces troubles. D’un coup, les arrestations se multiplient (des parlementaires, des membres du bureau politiques, des élus, des militants, des simples membres…). Le parti est dissout le 10 mai 1947
Le parti de la rénovation au lendemain de l’insurrection
De 1947 à 1955 s’opère, sur la pression des choses, l’élimination progressive, à l’exception de Tananarive-ville, des représentants élus du désormais ancien M.D.R.M.. Ses élus sont arrêtés, jugés et la plupart condamnés à des lourdes peines.
Désormais les Assemblées de Madagascar sont dominées par les adversaires du mouvement de la rénovation. On remarque que les nationalistes merina sont quasiment éliminés du scène politique au profit de l’élite « côtière » et des représentants « modérés » originaires des Hautes-Terres. L’administration française n’est pas étrangère à cette situation. En effet, après l’insurrection, les autorités coloniales à Madagascar veulent éviter le raz-de-marée nationaliste de 1945-1946 pendant lequel des nationalistes qu’elles ne peuvent pas contrôler dominent l’échiquier politique. Ainsi, elles appuient ouvertement ses propres candidats et font pression pour qu’ils soient élus, une pratique qui continue même en 1956, année de la renaissance des activités politiques à Madagascar. Mais malgré cette élimination des nationalistes « durs » et surtout ceux partisans de l’ancien M.D.R.M., ce dernier reste la référence politique qui influe sur la vie politique dans la Grande Ile entre 1947 et au lendemain de l’indépendance.
D’ailleurs, les anciens membres du parti, tout en montrant prudents dans leurs actions et activités politiques, n’entendent que le moment propice pour se manifester. Ainsi, dès la fin des années 1940, certains militants de l’ancien parti commencent à déployer une activité, certes timide et secrète, mais intense.
Le mythe M.D.R.M.
Sur les ordres du Haut-commissaire, les anciens membres du parti doivent donner leur démission devant le chef de district. Ainsi, les «soumissions» se multiplient un peu partout. Mais certains partisans de la formation politique continuent toujours à croire que l’idéal répandu par le parti est resté. De là est né le mythe M.D.R.M. ainsi que celui de ses dirigeants, notamment les parlementaires.
La détermination de ses partisans est telle que l’administration pense être en présence des « fanatiques » n’hésitant pas à « faire un coup » dès que les circonstances l’auraient permis. Certains portent même le deuil en souvenir des nationalistes emprisonnés, torturés et mis à mort. Ainsi, le parti de la rénovation continue de vivre à travers ceux qui étaient ses partisans.
Ils seront les premiers à rejoindre les rangs des formations politiques qui naîtront en 1956 et perpétuent ainsi la longue chaîne qui relie les différentes structures du nationalisme malgache.
Alexandre L.
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